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Any given f****n day
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7 janvier 2008

Un soir comme tant d'autres

Un bar, fin d'après-midi.

Assis dans un coin du bar, le plus sombre, le plus discret, je bois mon café. Les habitués jouent aux fléchettes. Quelques braves travailleurs savourent une bière bien méritée, puis une deuxième. Des étudiantes très chamarrées discutent et rient fort, très fort, trop fort ; si fort que je peux les entendre malgré la musique qui jaillit de mon MP3.

Toutes ces personnes communiquent, échangent, vivent. Je vois tout, je suis là, ou presque. Car mes pensées sont ailleurs, si loin de cet instant. Seul au beau milieu de toute cette foule, je vis pourtant un moment privilégié. Un de ceux qui vous font aimer ce que vous êtes, une ombre, à peine une présence. Mais qu'importe, je ne suis pas si seul, mes compagnons habituels d'infortune sont là et participent à cet instant.

J'avais pourtant décidé de faire le tri dans ce qui m'a souvent plongé dans cet état mais il est des choses dont on ne se débarrasse pas si facilement, même si on en éprouvait le désir. Et toi, mon spleen, mon précieux, jamais je ne me débarrasserai de toi. Tu seras toujours le bienvenu car j'ai appris à t'apprivoiser. Je ne te crains plus, mais je ne te vénère plus non plus ! Tu es une partie de moi, une partie que je veux assumer.

Un petit couple arrive. Ils sont très beaux, très regardés et ça leur plaît. La troisième tournée pour nos amis. Et l'une des étudiantes me regarde, passe négligemment la main dans ses cheveux tandis que Cat Power me berce de sa voix planante. L'instant est bref mais je le savoure.

D'autres groupes entrent, et d'autres sortent fumer une clope sur le perron. Le bar semble de plus en plus petit et mon espace réduit à vue d'oeil. Bientôt la promiscuité me fera quitter ce lieu rendu inhospitalier. Mais pour l'heure, les joueurs enchaînent les parties, et Morcheeba ses rythmes langoureux. A travers la baie vitrée, la pluie tombe fine. Et là, dans toute cette agitation et ces va-et-vient, je suis totalement à ma place. Seule l'arrivée de l'un de mes compagnons de boisson pourrait me faire revenir à la réalité poisseuse de cette vie précaire de trentenaire célibataire. Cette idée fait son chemin dans ma tête et je commence à m'échapper de mon instant ... Mais comme un signe du destin Cat Power me glisse son "remember me" dans le creux de l'oreille et je fonds, je m'enfonce, je renonce ... à lutter.

Je quitte cet endroit pour m'engouffrer dans la nuit fraîchement tombée, sous cette pluie fine. La ville est à moi, et ses rues m'accueillent, moi, mon MP3 et ma mélancolie.

Je suis bien, je suis heureux.

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Commentaires
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Le bonheur ne se cherche pas: on le rencontre. <br /> Il n'est que de savoir le reconnaître et de pouvoir l'accueillir.[Bernard Grasset]
P
"Il faut être heureux et y mettre du sien. Si l'on reste dans la position du spectateur impartial, laissant seulement entrée au bonheur et portes ouvertes, c'est la tristesse qui entrera." <br /> Alain, extrait des Propos sur le bonheur
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